Alors que la vente de cartes de pêche est en chute libre depuis plusieures années, cela se confirme d'après les premiers éléments de l'année en cours, il serait temps de se poser les bonnes questions. Pourquoi la pêche n'attire plus les foules ? Le manque de poissons, les sociétés de pêche trop nombreuses, la multiplication des loisirs, le prix de la carte de pêche, une réglementation parfois inadaptée plus sans doute un tas d'autres raisons. Pour faire un point sur notre département, les Vosges, il y a parfois des raisons de se décourager, prenons le cas de la réciprocité par exemple. Il n'existe pas moins de quatre groupements sur le département, le GPV (Groupement des Pêcheurs Vosgiens) regroupant les rivières de plaine et seul adhérent à l'URNE (Union Réciprocitaire du Grand Est), le GPRMV (Groupement Réciprocitaire du Massif Vosgien) , le GAP (Groupement d'Action Piscicole) et pour finir l'Entente Halieutique des trois vallées. Dans tout ce bric à brac il faut bien avouer qu'une vache ne retrouve pas son veau ! Si l'on y regarde d'encore plus près, sur la même rivière il y a plusieurs groupements et je ne parle même pas des sociétés de pêche qui ne veulent participer à aucune réciprocité et qui contribuent à morceler les parcours de pêche. Comble du comble, il semblerait même que des AAPPMA ne seraient pas sous le couvert de la fédération de pêche du département, ce qui semble invraisemblable.
Ce qui a tendance à m'agacer au plus au point c'est que certains pêcheurs et dirigeants ne veulent pas entrer dans un système réciprocitaire sous prétexte que d'autres vont venir piller "leurs rivières et leurs poissons" à leur place, mais ce qu'ils oublient de dire tous ces braves gens c'est que dès lors que la pêche en première catégorie est fermée, ils sont bien contents de venir pêcher à une canne sur le domaine public en deuxième catégorie pour casser du carnassier sans dépenser le moindre euro supplémentaire pour exercer le droit de pêche !
Il serait grand temps de faire changer les choses, des solutions existent, l'AAPPMA de Granges sur Vologne a tenté de protéger les habitants de la rivière avec un arrêté préfectoral à titre d'expérimentation et il semblerait que cela fonctionne. La protection des brochets sur les frayères en première catégorie sur la rivière Moselle a semble t-il porté ses fruits et dès lors que la rivière s’assagit, on y retrouve du fingerlin. Je le répète encore, des solutions existent, l'Ombre commun sur la Moyenne Moselle fait son retour grâce au soutien du GPV (alevinage d'ombrets) et à la protection qui va avec, pêche en No-Kill intégral. Si chaque AAPPMA arrêtait simplement de faire du nombrilisme et essayait de ne pas prendre la rivière pour une source intarissable, les choses évolueraient bien plus vite. Au lieu de ça, chacun reste dans son petit monde, ce temps est révolu, messieurs il faut vous réveiller sinon vous finirez par mourir ! Je le dis clairement, certaines AAPPMA n'ont plus leur place, les petites avec une vingtaine de membres notamment ou encore des linéaires dérisoire, il faudrait réduire le nombre de ces associations à un nombre raisonnable, actuellement il y en a plus de soixante dix dans le département des Vosges. A partir de ce constat comment faire pour voir naître une réciprocité au moins départementale dans un premier temps ? Mission impossible à mon avis.
Les pêcheurs aussi ont leur propre part de responsabilité, combien parmi eux assistent aux assemblées générales ? En vérité quasi personne, il suffit de voir sur une grosse association comme celle d'Épinal avec deux milles sociétaires, quand il y a cinquante personnes, en retirant les gens du conseil d'administration, c'est le bout du monde ! Pour fréquenter plusieurs AAPPMA, et assister dans l'ensemble aux assemblées, ce constat est général. Partant de ce principe, il n'y a jamais de problèmes à résoudre et la routine s'installe. Par ce fait, aucune remise en cause des dirigeants, on continue à gérer de la même façon depuis des années sans se poser la moindre question.
J'ai posé la question d'une réciprocité élargie au sein du département il y a déjà deux ans, un président d'AAPPMA m'avait quasiment certifié que cela allait se faire l'année suivante ou celle d'après ... Aujourd'hui, rien ne s'est fait et chacun campe sur ses positions. Il est grand temps de mettre un coup de pied dans la fourmilière. A l'heure où j'entends parler de prochaine réciprocité nationale, avouez qu'il y a de quoi sourire. Aujourd'hui je considère notre département comme le fameux village gaulois qui résiste dans son camp retranché de la gaule à l'envahisseur Romain dans les aventures d'Astérix et Obélix. Certes notre région est bien en retard et l'on commence à se regrouper un peu, notamment au sein de l'URNE (Union Réciprocitaire du Nord Est) mais là encore, certains départements ne jouent pas le jeu et n'offrent rien de concret, pire encore j'en ai même vu offrir moins qu'à l'époque d'une réciprocité appelée URGE.
Ci dessous un montage vidéo réalisé par Hervé57 pour illustruer une sortie entre pêcheurs réciprocitaires de l'URNE.
Merci Hervé pour l'autorisation d'utiliser ton montage sur mon blog et bravo pour celui ci aussi !
Désormais, si vous voulez faire changer les choses, il faut que chaque pêcheur se sente responsable et prenne ses responsabilités. Allez aux assemblées, votez, exprimez vous, c'est votre droit ! Présentez vous dans les associations, investissez les conseils d'administration, apportez vos idées. Des idées nouvelles qui pourraient dissuader les viandards comme par exemple ne plus mettre de poissons surdensitaires dans les rivières. Petite remarque en passant, je l'ai déjà dit sur ce blog, depuis le temps que l'homme déverse des poissons dans les rivières, il ne devrait plus y avoir de place pour y mettre de l'eau, et pourtant, il n'en est rien. Laissez vivre les reproducteurs, comme par exemple instaurer une tranche de capture où il serait interdit de prélever le moindre poisson comme cela se fait en Irlande. Seulement 1 Kilo de brochet par jour, ce qui correspond à un poisson de moins de cinquante centimètres. Tous les autres doivent être remis à l'eau mis à part les poissons trophés, cela laisse rêveur mais pour être un fidèle de l'île d'émeraude, je peux vous garantir que cela fonctionne. Le temps de la pêche pour se nourrir est dépassé, la pêche devrait plus être considérée comme un sport ou l'adversaire devrait être respecté. Mais les habitudes ont la vie dure et l'on trouve encore beaucoup trop de viandards sur des rivières qui ne peuvent plus fournir la ressource.Comme dirait un président d'AAPPMA que je connais bien, à partir du moment où tu supprimes le père et la mère, il est évident que les espèces puissent disparaître. D'autres idées peuvent être mises en avant, ce n'est pas Christophe qui me contredira, imposer un quota sur l'année avec un système de bagues comme pour le saumon permettrait là aussi de sauvegarder quelques espèces. En plus cela faciliterai le contrôle des pêcheurs par les gardes pêche particuliers et consorts et éviterait les sempiternels voyages à la voiture que tout le monde a observé au moins une fois.
Pour en revenir à une réciprocité départementale en elle même, il est évident que chacun des pêcheurs du département ne va pas traverser ce dernier tous les jours pour allez taquiner la truite ou d'autres espèces. Tout au plus au début certains viendront découvrir de nouveaux horizons mais l'éloignement et surtout une protection drastique des populations de poissons fera sans doute le reste, le pêcheur dans sa grande majorité va se cantonner à pêcher chez lui. Des réunions ont eu lieu mais pour le moment, silence radio, alors je pose la question ouvertement, à quand une vraie réciprocité sur le département des Vosges ? Je reviens à nouveau sur l'URNE, quand un département n'offre que son canal qui de toute façon est dans le domaine public, de qui se moque-t'on ? Dire qu'un département fait partie de l'URNE c'est bien joli tout ça mais il faudrait que tous les lots soient dedans et c'est loin d'être le cas. Nous n'en sommes probablement qu'au début de cette réciprocité mais il va falloir passer une vitesse supérieure maintenant sans quoi à quoi cela servirait-il de continuer ? Sinon encore une fois essayer de faire les poches aux pêcheurs ?
Mon vœu le plus cher serait qu'une vraie réciprocité nationale voit le jour mais là je crois qu'il va falloir encore attendre un peu car il est clair que des résistants subsistent ici et là, il y a encore six départements qui ne sont entrés dans aucun groupe réciprocitaire et deux qui font leur sauce ensemble. Alors, Messieurs les présidents de fédération de pêche je pense que c'est à vous de faire prendre la mayonnaise et de faire que déjà au sein de vos départements l'entente soit établie, seulement ensuite nous pourrons enfin parler de réciprocité nationale.