mercredi 15 septembre 2010

Week-end, amitié et pêche en Suisse


Depuis un bon moment déjà, le week-end du 11 et 12 Septembre était destiné à rejoindre Daniel, un ami pêcheur à la mouche, de l'autre coté des alpes, en Suisse. Après presque quatre heures de route assez fatigante, surtout après les quelques ralentissements dus à un accident, je suis arrivé à bon port un peu après douze heures trente, pour l'occasion le GPS qu'Hélène m'avait prêté m'a rendu un grand service. Le temps était superbe, un magnifique soleil m'avait accompagné jusqu'ici et le décor était grandiose. J'ai reconnu certaines montagnes, il faut dire que j'étais déjà venu dans la région avec mon club par deux fois, il y a déjà cinq ans nous avions campé quatre jours durant à Enney et une autre fois pour représenter notre club au Salon Romand de la pêche à Riaz. Un programme avait été établi par Daniel et Isabelle, que de bons moments, que je dévoilerai au fur et à mesure. Après l'apéro pris sur la terrasse du chalet avec la montagne en toile de fond nous sommes passés à table tout en nous racontant les dernières news, plus tard, nous avions rendez-vous avec la rivière, la Sarine.

Le premier lieu de pêche choisi pour ce séjour était "le pont qui branle", le lieu est situé non loin des villes de "Gruyères" et "Epagny" ce pont est entièrement recouvert sur sa partie supérieure par du bois, au moment de passer dessus cela fait bizarre, l'intérieur est tout sombre, seul deux lucarnes (une de chaque coté), permettent de voir la rivière. Après s'être équipé, nous voilà à pied d'œuvre, je prends tout de même le temps d'admirer le paysage, car vraiment, c'est différent de ce que je pratique habituellement. Les pierres de la rivière semblent comme lavées à la brosse à chiendent. Seul la couleur peut paraître étrange, l'eau est claire mais semble chargée en limon ce qui lui confère une couleur légèrement blanchâtre dés que la profondeur augmente. Néanmoins, pas de quoi me perturber sur ce premier spot, après avoir scruté un moment, seul un gobage est venu crever la surface. Daniel va commencer avec une énorme nymphe sur hameçon de douze imitant un éphémère, tandis que moi j'essaye une sèche imitant le même insecte. Au bout de quelques dérives et moins de cinq minutes, je tiens déjà le premier poisson du séjour dans le creux de ma main. Daniel aussi enchaîne les prises à une cadence infernale, sans compter les loupés ...


Des avions et hélicoptères nous perturberons aussi pendant un moment car nous sommes juste au dessus du couloir qu’ils empruntent pour atterrir sur l’aérodrome de la Gruyère à Epagny dont c’est le centenaire et où un meeting aérien a été organisé pour l'occasion.

Visiblement, les gros poissons ne sont pas de sortie, mais au regard de la quantité je suis content de ce premier contact avec la Sarine. Déjà il y a cinq ans, les poissons n'étaient pas plus gros, ils étaient simplement plus nombreux aujourd'hui, c'est déjà rassurant. Au moment où j'ai découvert la technique de pêche de mon acolyte, pêche en dérive aval pratiquement comme en noyée, je n'en revenais pas. Comment ces truites peuvent-elles prendre des imitations qui draguent ? Pour tout dire, j'ai bien essayé de faire la même chose, devant le nombre de touches bien supérieur à ma technique, mais impossible pour moi de pratiquer de la sorte. Je n'y croyais pas et d'ailleurs je n'ai pas touché un seul poisson. Qu'elles sont braves ces truites alpines ! J'aimerais bien voir la même technique employée sur les rivières Vosgiennes, je pense que le résultat serait tout différent ... Arrivé au bout de notre secteur, nous avons repris la voiture pour descendre plus en aval de quelques kilomètres.

C'est à Broc, toujours sur la Sarine, que nous avons tenté notre chance pour le coup du soir. Je reconnaissais quelques coins pour les avoir pêchés en 2005, nous sommes descendus plus en aval que ce que je connaissais, l'eau ici semblait encore un peu plus chargée ou tout simplement la luminosité diminuant me le faisait penser. Le secteur n’était pas très long, moins de cent mètres, un autre pêcheur était déjà présent sur la partie amont. Les engins volant de tout à l’heure étaient cette fois en phase de décollage au dessus de nos têtes. Avec les mêmes techniques pour chacun, moins de poissons sont venus se frotter à nos hameçons. J'ai tout de même réussi à prendre un ombret parmi les truitelles mais l'objectif de départ était bien de prendre des ombres de taille respectable. Je pense que sur ce coup là nous sommes passés à coté de la pêche, il y avait à un moment donné de nombreux gobages et les ombres montaient mais refusaient de façon systématique en nous faisant de faux gobages. Tant pis, ce sera pour une autre fois, j'espère...


Après toutes ces émotions, il était temps de retrouver Isabelle pour ce qui était la surprise du soir. Cette dernière consistait en fait à manger la fondue dans un véritable chalet d'Alpage. Je me souvenais avoir mangé la fondue à mon précédent passage en Suisse mais dans un restaurant "classique" même si le décor était là pour représenter le pays. Mais cette fois-ci, cela n’avait rien à voir, rien que la route pour se rendre à ce chalet valait déjà le détour. Sur place, peu ou pas d'éclairage, seul un gros chalet avec des tables en bois taillés dans la masse se découpait sur l'horizon. Une fois rentré dans le chalet, une odeur particulière m'a chatouillé les narines, au début je pensais que c'était un morceaux de "bois particulier" dans le fourneau mais il n'en était rien. Mes deux amis ont du me prendre pour un fou de ne pas les croire pendant un instant, j’étais persuadé qu’ils me faisaient marcher. C'était bien l'odeur des bêtes à l'étable que cela sentait, c'était le vrai chalet d'alpage. Finalement, passées les premières minutes on n’y prête plus attention et après quelques verres de vin blanc cela n’est plus qu’un lointain souvenir. Au cours de ce repas c'est plus d'un kilo de gruyère "moitié-moitié" qui est parti en fondue, visiblement, même la patronne de l'établissement avait rarement vu de tels mangeurs ! Ensuite, la nuit a été quelque peu difficile à cause d'une digestion bien trop lente (ferment lactique) et c’était également sans compter sur le coq qui s'en est allé de son petit concert vers quatre heures du matin, le bougre.

Après le petit déjeuné, direction à nouveau la Sarine cette fois plus en amont que la veille, entre Albeuve et Lessoc, en dessus du barrage. En quittant l’auto, un cerf brame dans la forêt en guise d’accueil. En regardant la rivière je deviens plus qu’inquiet, la couleur me fait plus penser à du lait qu’à de l’eau ! Mon hôte m’explique que cela arrive fréquemment par ici et sur de nombreuses rivières alpines. Daniel était déçu de ne pouvoir me montrer sa rivière sous son meilleur jour et aurait voulu me faire pêcher dans de l’eau claire comme du kirsch. J’avoue quand même que j’ai eu bien du mal à me motiver mais nous avons tout de même pêché ce secteur. Cette fois je pêcherais en nymphe au fil avec mes brins de fluo comme expliqué dans un précédent article pendant que mon ami utilisait à nouveau sa technique de pêche vers l’aval. Étonnamment, les truites trouvaient ma nymphe qui pourtant n’était pas énorme, un hameçon B160 en taille 16 avec une bille phosphorescente blanche et un corps en faisan teinté rouge. J’ai eu d’énormes difficultés pour pêcher dans ces conditions, impossible de savoir la profondeur, donc pas facile pour adapter le poids de la nymphe en fonction des veines d’eau. Pour vous donner une idée, à mi-mollet, impossible de voir les chaussures de wading ce matin là. Sur un morceau de 15 mètres de rivière c’est tout de même une dizaine de petites truites qui ont craqué pour la nymphe. Daniel de son coté en a fait autant puis tout à coup les poissons se sont calmés, plus une touche ou presque.


C’est alors que nous avons changé de secteur une dernière fois pour se rendre à Villars sous mont, ce secteur paraissait prometteur et il n’en a rien été, seul trois petites truites se sont laissées séduire à l’aide de ma petite nymphe. Au bout d’une petite heure, il était temps de rentrer pour la surprise de ce midi. Petit détour par le chalet de mes hôtes afin de se changer et direction un village proche de quelques kilomètres. En fait la sœur de Daniel et son mari organisait le ‘menu de Bénichon’ ce menu est un repas traditionnel symbolisant la fête des récoltes et la descente des troupeaux de l'alpage (la désalpe (Rindya), qui est l'opposée de la Poya, montée à l'alpage du printemps). Ce repas, a duré une grande partie de l’après midi compte tenu de la densité des plats qui se sont succédés les uns aux autres.

Ci après un petit résumé des différents plats constituant ce menu :
  • Cuchaule (brioche au safran), beurre et moutarde de bénichon.
  • Soupe aux choux.
  • Bouilli, accompagné de raves, de carottes et de céleri.
  • Ragoût de porc aux raisins, la purée et les poires à botsi, salade aux carottes rouges.
  • Assiette de jambon de la borne, lard, saucisson et choux et pomme de terre.
  • Deux meringues, les petits fruits (bleuets) et la crème double.
  • Café accompagné d’un bricelet, d’un croquet, d’un pain d’anis et d’une cuquette.
Le tout copieusement arrosé d’un vin blanc au début du repas puis de vin rouge avec en bouquet final des liqueurs, genre mirabelle, prune et autres du même acabit.

Je tiens ici à remercier, Maguy et Charly pour leur accueil et leur gentillesse de m’avoir fait découvrir cette spécialité. J’en profite pour remercier tout ceux qui de près ou de loin ont participé à la mise en œuvre et l’élaboration des différents plats. Nom de bleu, vous avez du y passer un sacré bout de temps, c’est sûr. Ce fut un grand moment que cette après midi, je n’oublierai jamais, encore Merci.

Après toutes ces agapes, il m’était impossible de repartir dans les Vosges, presque quatre heures de route, c’était un coup à s’endormir au volant. Aussi, mes hôtes m’ont proposé de passer une nuit supplémentaire à Villarbeney. C’était bien plus sage et du coup nous avons pu observer un orage qui éclatait sur les montagnes environnantes et sur le lac schwarzsee, bien à l’abri sur la terrasse du chalet. Sur les montagnes, le bruit du tonnerre résonnait, ce fût un joli spectacle, comme le bouquet final d’un son et lumière qui clôturait cette superbe journée.


La nuit a été calme, même le coq avait oublié de faire son show en fin de nuit, peut-être avait-il lui aussi fait la bénichon ? Après le petit déjeuné, je m’apprêtais à prendre la route sans oublier de récupérer le sandwich que m’avais préparé Isabelle avec des morceaux de "jambon de la borne" du repas de la veille, garni de moutarde et de cornichon. Je n’ai pas eu très faim le lundi, mais en mangeant ce sandwich, les moments de la veille resurgissaient et c’était bon.
Voilà, ici se termine mon récit sur ce séjour en suisse, séjour de découvertes, de pêche, de bonnes choses à grignoter et à boire et de bons moments partagés. On a pris une ‘pétée’ de poissons, d’autres pourraient dire une ‘chiée’ même s’ils étaient de taille modeste, c’était très bien et le tout dans un décor de rêve. J’adore vraiment cette contrée helvète qu’est la Gruyère.
C’est avec une vive émotion que j’ai quitté mes Amis Suisse, vous avez été formidables et m’avez fait partager votre culture. Pour reprendre une autre de vos expressions, c’est chou !
Encore mille mercis à Daniel et Isabelle, à bientôt de vous revoir.

1 commentaire:

christophe vigroux a dit…

récit sympa, et belle photos...rien qu'a te lire je n'ai déjà plus faim..@+