En plusieurs épisodes, je vais essayer de vous parler d’un sujet que j’estime important. Il s’agit de la reproduction assistée des truites de l’AAPPMA d’Épinal. J’entends déjà certains commentaires où l’on va vouloir me dire qu’il faut laisser faire la nature, qu’elle se débrouille bien sans nous. Que les écloseries, cela ne sert à rien. Que l’on perd notre temps à jouer aux apprentis sorciers, et blablabla et blablabla …
Je peux comprendre, mais malheureusement, si la nature était si forte, il y aurait des truites partout. Nous sommes bien obligés de constater que non ! Sur certains secteurs où les truites venaient pondre, les castors sont arrivés et ont ennoyé les champs. Les truites ne viennent plus ! Autre idée, prenons le cas de cette année, la neige est arrivée de façon précoce. Puis avec le radoucissement brutal, une crue a nettoyé les rivières et autres ruisseaux ou encore rus où sans doute les truites avaient pondu. C’est la deuxième année consécutive où la reproduction ne se passe pas au mieux. Certes, tout n’est jamais perdu mais quand même, un petit coup de main à la nature sera sans doute apprécié au risque de voir des trous dans les cheptels futurs.
Sans parler d’usine à faire de la reproduction à gogo, une écloserie peut palier à ces quelques désagréments. C’est pourquoi je vais vous présenter le travail d’une poignée de bénévoles de l’AAPPMA d’Épinal.
Tout commence à la fin de l’automne, il faut récupérer quelques géniteurs. En principe les poissons sont pêchés à l’aide de la fée électricité avec un "martin pêcheur". Un premier tri est effectué sur place afin de sélectionner les poissons les plus jolis et comportant de bonnes caractéristiques.
Quelques femelles de truites Fario en attente de manipulations pour la ponte |
La robe, et la morphologie entre autres facteurs. Les truites sont ensuite rapportées à l’écloserie pour y être triées. Les mâles d’un coté et les femelles de l’autre. Il n’est pas toujours aisé de faire ce tri, surtout lorsque les poissons sont de petites tailles. Une fois les poissons mis en stabulation, il convient de vérifier régulièrement l’état des femelles en les tâtant. Lorsque certaines d’entre elles sont prêtes, alors les bénévoles entrent en jeu. Les truites prêtes à pondre sont placées dans un seau où sont déversées quelques gouttes de produit destiné à endormir légèrement les poissons.
Ceci évitera toute gesticulation lors des différentes manipulations et aussi évite aux poissons un stress inutile. Une fois les truites stabilisées, il faut procéder à l’extraction des œufs: exercer une pression sur les flancs de la femelle et les œufs s’écoulent dans la cuvette prévue à cet effet.
Les œufs de la truite sont expulsés dans la cuvette |
Une fois la récolte d’œufs suffisante, il faut les féconder. La femelle qui a pondu est relâchée dans un bassin classique et après une phase de récupération au bout de quelques jours, elle ira rejoindre ses congénères dans sa rivière ou ruisseau d’origine. Ensuite, se saisir d’un mâle voire même plusieurs. En principe ceux là ne sont pas endormis, la manipulation étant bien plus rapide. Arroser les œufs avec la laitance en pressant sur les flancs des mâles, même procédé que pour les femelles.
Expulsion de la laitance d'un mâle |
Enfin, il faut mélanger à l’aide d’une plume d’oie ou d’autre oiseau mais suffisamment souple, recouvrir la cuvette puis attendre une dizaine de minutes. (L’idéal étant de laisser au maximum les œufs dans le noir). Dans le milieu naturel, ils seraient recouverts par les graviers. Après ces dix minutes, ajouter un volume d’eau environ égal au volume total des œufs, mélanger à nouveau à l’aide de la plume et recouvrir pendant encore dix autres minutes.Après cette attente, les œufs ont déjà changé de couleur par rapport au moment où ils ont été expulsés. La couleur est déjà plus terne. Désormais il va falloir répartir les œufs fécondés dans les clayettes.
Répartition des œufs au fond de la clayette |
Il faut y aller de façon très progressive en jouant avec l’eau au fur et à mesure que la cuvette se vide. Une fois les clayettes préparées, il suffira de les recouvrir pour une fois de plus et les mettre dans le noir. Maintenant vient le temps de l’attente avec un contrôle régulier. En effet, il faut relever la température de l’eau afin de déterminer l’émergence des premiers alevins. Il faut également, contrôler l’état des œufs. Parfois, il y a des œufs qui blanchissent et il faut donc les enlever à l’aide d’une pipette.
Pipette pour retirer les œufs blanchis |
Si tout se passe bien au bout d’environ 400 jours degrés, l’éclosion devrait avoir lieu. Pour calculer, il est admis que dix jours degrés correspondent à deux jours d’eau à 5° Celsius. Autre exemple, deux jours à 3 °C et un autre jour à 4°C. Toutes les truites ne pondent jamais en même temps et il faut donc répéter l’opération à plusieurs reprises. Nous suivrons prochainement l’état d’avancement des clayettes.
Les œufs reposent au fond des clayettes |
D'ors et déjà, je tire mon chapeau aux différents acteurs qui œuvrent dans l’ombre pour préserver la ressource. Merci à Jean-Claude, Jean-Marie et Michel pour les explications fournies lors de ma venue à l’écloserie.
A bientôt pour la suite …
3 commentaires:
Vraiment très intéressant, j'attends la partie 2 avec impatience !
Comme Dom, je trouve cela très intéressant.
Pour la crue de cette année, effectivement, comme tu la écris, cela fais 2 ans que c'est rincé!
Cela risque d'être triste dans les saisons à venir...
Si ce n est pas de grosse crue cela peut aller mais sans crue il suffit d une pollution chronique je prend exemple de la riviere ou je peche l oron en isere on a ouvert deux frayeres l une en amont de la sortie de station d epuration tous etais normal et l autre en aval tous les oeufs etais blanc la nature est forte mais quand elle est malmener on est obliger de l aider sans parler de c est modite vanne qui se bouche a chaque petit coup d eau et qui met a sec les frayeres situe sur les gravieres
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