vendredi 22 février 2013

Mortalité au réservoir de Socourt


Aujourd’hui je reprends l'écriture sur le blog après un long moment de silence. Malheureusement ce n'est pas pour annoncer une bonne nouvelle. En effet le réservoir de SOCOURT vient de subir une maladie ayant entraîné sa fermeture temporaire. Ci-dessous vous pourrez lire à titre d'information le communiqué réalisé par les gestionnaires du plan d'eau que je remercie de leur transparence envers les pêcheurs que nous sommes.

Communiqué :

Vous n’êtes pas sans savoir j’imagine les difficultés que rencontre actuellement le réservoir de pêche à la mouche de SOCOURT. Celui-ci est en effet fermé provisoirement suite à une forte mortalité de truites arc-en-ciel. Si ce triste épisode est désormais derrière nous, il faut savoir que près de 200 poissons ont été retrouvés morts et évacués.

Dans le but de faire la transparence sur ces événements, la Commune a fait procéder à une analyse d’eau et à une analyse de sept truites par le Laboratoire Départemental d’Analyses du Jura à Poligny (39), (qui dépend du Conseil Général), l’un des sept laboratoires agréés en France pour les analyses de poissons. Après deux semaines d’investigations, les scientifiques ont fini par identifier avec certitude l’origine de la mortalité : SHV, autrement dit « septicémie hémorragique virale ». Sans danger pour l’homme, y compris pour celui qui consomme le poisson, la SHV est l’équivalent de la grippe chez l’homme. Mais personne ne sait aujourd’hui traiter le virus chez le poisson. Les truites qui n’ont pas succombé, et elles sont nombreuses, sont désormais immunisées mais sont devenues des porteurs sains. Dès la publication des résultats, la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations des Vosges (ancienne DDASS) s’est emparée du dossier (jeudi 31 janvier). L’un de ses responsables est venu sur site dès le lendemain dans le but d’obtenir notamment une copie des factures de nos fournisseurs. En l’occurrence d’un seul pisciculteur, puisque depuis l’ouverture du réservoir en 2004, la Commune de SOCOURT est restée fidèle à la même pisciculture. La visite de la DDCSPP du Doubs chez ce pisciculteur a permis d’établir la liste des plans d’eau et réservoirs alevinés depuis la fin de l’été. Conséquence, toutes les eaux closes concernées seront suivies par les services sanitaires de la même manière et avec la même nécessité de détruire le virus et les poissons qui en sont porteurs.

Pour ce qui concerne SOCOURT, car c’est sur ce plan d’eau que porte toute notre attention vous l’imaginez bien, la pêche aurait pu rouvrir à condition de contraindre nos amis moucheurs à éviscérer sur place les truites conservées et à désinfecter l’ensemble de leur équipement avant et après la partie de pêche, car le virus se propage aussi par l’eau. Bien qu’envisageable, cette solution ne correspondait pas à notre vision des choses. En accord avec la DDCSPP, la commune a décidé de maintenir le plan fermé, le temps pour elle de mettre en oeuvre les préconisations des services sanitaires pour une éradication complète du virus. La mesure la plus spectaculaire porte sur la destruction des poissons encore présents dans le plan d’eau : salmonidés bien-sûr, mais aussi carnassiers, poissons blancs et crustacés car eux aussi sont peut-être devenus des porteurs sains du virus, même s’ils sont moins sujets à la SHV. Il n’était pas question pour nous en effet de laisser planer le moindre doute.

S’agissant d’une eau close non vidangeable, plusieurs solutions opérationnelles ont été imaginées (pêche au filet maillant, utilisation d’un produit biodégradable) jusqu’au début de cette semaine. La DDCSPP, suivant en cela les recommandations de son référent national, nous orientait jusqu’à aujourd’hui encore vers l’utilisation d’eau de javel, purement et simplement, pour à la fois éradiquer les poissons et le virus (sur les poissons qui ne pourraient pas ensuite être récupérés). L’eau de javel ne présente aucun danger pour l’environnement, ses effets se seront dissipés au bout de quelques jours si elle est introduite en quantité raisonnable. Bien que brutale, cette solution nous paraissait conduire au meilleur résultat. Un résultat qui devait nous permettre d’envisager la réouverture du plan d’eau début avril avec toutes les garanties sur le plan sanitaire. Pour ce faire, la Commune a d’ores et déjà noué des liens avec un nouveau pisciculteur, détenteur d’un agrément sanitaire européen. Un professionnel basé dans le territoire de Belfort et qui travaille de longue date avec plusieurs pays européens : Suisse, Danemark …

Problème, le référent national aquacole de la DDCSPP vient d’estimer à 10.000 litres concentrés à 48 % la quantité d’eau de javel nécessaire. Une solution qui, d’un commun accord, vient d’être abandonnée. Le risque était trop grand pour les plans d’eau voisins. Nous sommes dans l’attente de nouvelles propositions, mais devons désormais nous résoudre à n’envisager la réouverture pour le premier week-end d’octobre. Dans l’attente, la Commune indemnisera tous les pêcheurs qui ont subi, bien malgré nous, un préjudice au cours de l’automne. Avant l’épisode de mortalité, durant plusieurs semaines, les poissons malades ne mordaient plus. Alors même que depuis l’ouverture du réservoir de SOCOURT, la commune a fait le choix de basé sa stratégie de développement sur une pêche de qualité : qualité du poisson, qualité de l’empoissonnement (+ de 250 kg /hectare), qualité du site, qualité de l’accueil. Nous avons ces valeurs chevillées au corps et n’entendons pas en changer. Au cours des prochaines semaines, nous informerons les intéressés des mesures qui auront été adoptées. Pour l’heure, nous sommes affairés à d’autres taches. Enfin, la Commune vient de confier la défense de ses intérêts à un avocat Nancéen afin d’obtenir la réparation du préjudice subi. A l’amiable d’abord et s’il le faut devant la juridiction compétente.

J’espère que ces informations seront de nature à vous rassurer. Bientôt, cet épisode malheureux dont nous tirerons tous les enseignements ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

Fin du communiqué.

 Depuis ce communiqué un arrêté préfectoral à été prononcé, ci dessous vous trouverez le contenu de cet arrêté.
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Article 1er : L ’étang de pêche des salmonidés, situé sur le territoire de la commune de SOCOURT est déclaré atteint de SHV. Il est placé sous la surveillance de la directrice départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations.

Article 2 : Une zone de confinement, comprenant un périmètre de protection dudit étang et un périmètre de surveillance des 3 étangs de pêche, est mise en place.

Article 3 : La présente déclaration d’infection entraîne l’application des mesures suivantes  :

  • Les poissons morts ou présentant des signes cliniques et tous les déchets sont détruits sans délai sous le contrôle de la directrice départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations.
  • Aucun poisson ne peut entrer dans la zone de confinement sans autorisation de la directrice départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations.
  • La sortie des animaux aquatiques de la zone de confinement est interdite, excepté pour la commercialisation ou la transformation en vue de la consommation humaine, sous contrôle de la directrice départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations.
  • Les poissons du site infecté peuvent être remis directement au consommateur final, dans le respect des règles sanitaires et après éviscération. Les viscères et sous produits seront éliminés au titre des déchets mentionnés au premier alinéa.
  • Il est strictement interdit d’utiliser les poissons ou leurs gamètes provenant de la zone de confinement pour rempoissonner ou réensemencer un autre site (cours d’eau, étangs, lacs…). La remise à l’eau du poisson pêché dans l’étang du site de confinement est également interdite.
  • Des moyens appropriés de désinfection doivent être utilisés aux entrées et sorties de l’étang et toutes les autres mesures propres à éviter la propagation de l’agent pathogène sont mises en œuvre à la diligence de l’exploitant.
  • Toute matière et tout déchet susceptible d’être contaminés, y compris le matériel, sont soumis à un traitement assurant la destruction des agents responsables de l’apparition des maladies réputées contagieuses des animaux aquatiques.
Article 4 : Dans l’étang, toute hausse de mortalité inexpliquée ou manifestation de la maladie chez des animaux aquatiques doit être immédiatement notifiée au Préfet ou au vétérinaire chargé du suivi des animaux.

Article 5 : La directrice départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations ou son représentant et le Docteur Lautraite effectuent un recensement du cheptel infecté et une enquête épidémiologique basée sur une analyse de risque, afin de déterminer les sources possibles de l’infection.

Article 6 : La levée de l’arrêté portant déclaration d’infection ne pourra intervenir qu’après la mise en place d’un programme d’éradication approuvé par la directrice départementale de la cohésion sociale de la protection des populations en accord avec la Direction Générale de l’Alimentation.

Pour être approuvé, ce programme devra préciser à minima :
  • Une description de la situation épidémiologique de la maladie avant la date du programme.
  • La durée prévue du programme ainsi que le but à atteindre à son échéance.
  • La nécessité de pêches visant à éliminer les espèces sensibles : truites et brochets.
  • La mise en place de truitelles sentinelles en cages et leur maintien en place pendant au moins 6 semaines dans une eau inférieure à 14°C.
  • L’inspection clinique et l’analyse virologique pratiquée à terme sur ces truitelles.
  • La description et la délimitation de la zone géographique et administrative dans laquelle le programme sera appliqué.
Article 7 : Les infractions aux dispositions du présent arrêté seront constatées et poursuivies conformément aux textes en vigueur.

Article 8 : L’arrêté préfectoral de mise sous surveillance  n° 06/2013 du 4 février 2013 est abrogé.

Article 9 : Le présent arrêté est susceptible de recours auprès du Tribunal Administratif de NANCY sous un délai de deux mois à compter de sa notification.

Article 10 : Le secrétaire général de la préfecture des Vosges, le maire de la commune de SOCOURT, le commandant du groupement de gendarmerie des Vosges, et la directrice départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations sont chargés chacun en ce qui les concerne de l’exécution du présent arrêté.

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A l'heure où j'écris ces quelques lignes j'ai appris que d'autres réservoirs semblent touchés par le même phénomène. En l’occurrence les réservoirs "Oxylane" et "St Louis" (Haut-Rhin). Il est donc recommandé de faire très attention de ne pas  favoriser la propagation du virus en désinfectant le matériel.

J'espère sincèrement que ces problèmes s’arrangeront au plus tôt afin de pouvoir à nouveau pratiquer notre loisir favoris sur ces plans d'eau. Je ne manquerai pas de vous tenir informé dés lors que j'aurai d'autres nouvelles que j'espère meilleure.

A bientôt pour de nouvelles aventures halieutiques ...