mardi 27 décembre 2011

Dernière sortie de l'année


Avant de passer aux agapes de fins d’année, j’avais besoin de prendre l’air  et par la même occasion d’effectuer une dernière sortie pêche pour l’année 2011. C’est avec mon padawan, Seb le couvreur que celle-ci va se dérouler au réservoir de la Moselotte le 23 Décembre. Départ de la maison à 7h30, c’est plus tôt que pour aller au travail … A priori le temps devrait être convenable, pas de pluie annoncée sur la journée. Une fois sur place, nous constatons que le neige est encore omniprésente, elle est plus visible sur les pentes de la montagne, seul quelques tâches subsistent autour du lac.
Comme par habitude j’équipe ma canne Orvis Hélios zéro gravity pour la pêche à vue. Ce n’est seulement une fois au bord de l’eau que je vais me rendre compte que cette méthode ne va pas être des plus simples à employer car l’eau est bien loin d’être limpide. Très rapidement je vais monter un chiro sur la pointe de mon bien long bas de ligne, environ six mètre cinquante. Même avec cette artificielle la tâche s’avère ardue,  il n’y a aucune activité. En milieu de matinée, quelques sporadiques gobages apparaissent ce qui me donnera l’occasion de prendre une belle truite arc en ciel en sèche à vue.


A midi, le bar reste ouvert, c’est une bonne nouvelle, avant il fermait. L’intérieur a été réaménagé ce qui permet aujourd’hui de faire un peu de restauration. Rien à voir avec ce qui se faisait auparavant. Cette fois ci nous avions pris le casse-croute, la prochaine fois je testerai l’entrecôte frite … Après manger, je décide de rester sur le même style de pêche avec ma soie de cinq et mon grand bas de ligne, tandis que mon padawan décide de passer à la grosse cavalerie en pêchant au streamer. Bien va lui en prendre car cela va lui permettre de prendre quelques truites arc en ciel plutôt de grosse taille. De mon côté, c’est toujours la galère même si à force de persuasion, je vais quand même finir par prendre trois poissons à vue ce qui au vu des conditions de visibilité sera plutôt satisfaisant.


Dommage tout de même que les poissons n’étaient pas plus actifs que cela dans la pellicule. Avant que la nuit ne tombe, je repasserai à la pêche avec une seule nymphe de chironome ce qui me rapportera encore une truite. Mais bon il faut se faire une raison, nous sommes fin décembre et nous pêchons encore à la mouche, il ne faut pas se plaindre. Comme on dit par chez nous, à la revoyotte !

jeudi 22 décembre 2011

Massacre au réservoir de Socourt


Le titre de cet article pourrait prêter à confusion mais tout malentendu va être rapidement dissipé. En effet, le Club la Phrygane Spinalienne organisait sa traditionnelle sortie mensuelle avec pour décor le réservoir de la Moyenne Moselle situé à Socourt. C’est avec grand plaisir qu’une quinzaine de membre du club se retrouvaient sur place pour cette sortie en réservoir dès huit heures le 10 Décembre dernier. Le temps semblait plutôt clément, un peu frais mais sans pluie avec un léger vent qui venait rider la surface sur une partie de l’étendue d’eau. En principe de quoi trouver des poissons actifs dans la couche d’eau supérieure. J’avais toutefois quelques doutes car dans les jours précédent la sortie, j’avais reçu quelques photos de la part de Laurette qui montraient les dégâts provoqué par une attaque en règle du grand cormoran. Plus tard en fin d’après midi, nous apprendrons que cette attaque a été menée par environ trois cent individus au plumage noir ! La photo ci-dessous parle d’elle-même …

Impossible de manger ces poissons trop gros, les hérons cendrés finiront le travail !
Alors que chacun s’équipaient, je scrutais le réservoir afin de déceler la moindre activité afin de me placer dans un secteur avec du poisson actif. La seule chose que j’ai vu, c’était ces fichues bestioles noires qui tournoyaient au dessus du réservoir afin de venir prendre un petit encas ! Certes, ils n’étaient pas nombreux trois où quatre mais c’était sans doute des précurseurs. Comme nous étions là ils n’ont pas osé passer à l’attaque. Chacun a commencé à se répartir autour du plan d’eau en espérant réaliser quelques captures. De mon coté c’est avec un train de nymphes de chiros que j’entamai la partie mais rapidement j’ai compris que la journée serait très difficile. En effet les truites se cantonnaient en bordure et pour certaines carrément à l’arrêt dans quelques centimètres d’eau. En milieu de matinée, après une ou deux prises tout de même, j’ai décidé de changer de technique pour passer en mode nymphe à vue. Rapidement la donne à changé et j’ai réussi à capturer quelques poissons supplémentaires.

Tout autour du réservoir, chacun des membres du club, réussissait aussi la capture de quelques spécimens. A midi, tout le monde était bien heureux de se retrancher dans le chalet où régnait une douce chaleur produite par le feu de bois allumé dans le fourneau. Les agapes vont bon train pendant une grosse heure, et encore une fois, le dessert de la fabrique « Laurette and Co » a suscité de nombreux intérêts ! Des petits gâteaux moelleux à la saveur carambar et des macarons aux divers parfums ont terminé de remplir les estomacs accompagné par une tarte aux pommes que j’avais également confectionné dès potron-minet.


Dès la reprise en début d’après midi, le constat était le même, pas de poissons en activité et toujours ces derniers entre les cinq premiers mètres et la bordure se déplaçant en groupe plus ou moins conséquent. Pour autant, les prises seront tout de même un peu plus nombreuses mais sans toutefois être exceptionnelles. Je tentai l’aventure une nouvelle fois au train de chiros après avoir observé quelques marsouinages mais aucune truite ne se laissa prendre au piège tendu. Je tenterai le coup en sèche, même constat, au streamer, pareil. Donc c’est encore à vue sur des poissons passant sur la bordure que je réaliserai la capture de quelques truites mais franchement pas de quoi se relever la nuit.

A la tombée de la nuit chacun regagnait sa voiture avec quand même une pointe de déception. L’oiseau noir nous aura joué un bien sale tour sur ce coup là. Désormais un système d’effarouchement est mis en place sur le plan d’eau, j’espère que cela sera efficace et permettra ainsi de réaliser des parties de pêche convenables dans le futur. Mais attention, le système d’effarouchement n’est pas la solution miracle car de toute façon cela ne fait que reporter le problème ailleurs. La solution serait purement et simplement l’éradication de cet oiseau de malheur sur les terres, n’en déplaise à certains défenseurs.


Pour le moment la rivière est épargnée à cause de la montée d’eau suite à la tempête Joachim. Mais dès lors que la rivière aura retrouvé un débit normal, le grand cormoran sévira à nouveau et si peu que les étangs soient gelés de nouveaux massacres sont à prévoir sur les rivières mais cette fois les poissons étant plus petits, il n’y aura pas de traces si ce n'est de la fiente blanchâtre sur les arbres ce qui aura aussi pour effet de les faire pourrir !!!

mardi 13 décembre 2011

Qui osera les manger ?


Cela fait un bon moment que je souhaitais écrire cet article et je pense que le moment est venu de vous parler de la qualité de nos rivières et plus particulièrement de la Moselle. Il me semble que si la rivière est dégradée, les habitants de cette dernière le sont aussi, donc qui pourrait avoir envie de manger des poissons de cette rivière ? Il y a fort longtemps, plus de vingt années, je sais que les pêcheurs à la mouche fréquentaient déjà la rivière et que les poissons étaient nombreux. Tous les poissons gobeurs étaient présents en nombre, chevesnes, vandoises, ablettes, rotangles, truites et ombres communs et sûrement encore d’autres, et la rivière était régulièrement en ébullition au moment des éclosions à tel point qu’il était impossible de faire une dérive dans prendre une des ces espèces !

L'eau ferrugineuse c'est peut-être comme ça qu'elle ce fait ?
 Je me rappelle quand même assez bien cette période, où adolescent, pendant les grandes vacances, je me rendais régulièrement depuis Girmont à la piscine de Thaon les Vosges et de ce fait, je passais sur le pont enjambant la Moselle et je pouvais y voir de nombreux poissons. Aujourd’hui, il suffit de se rendre sur ce même pont et vous comprendrez bien qu’il y a un problème sur cette rivière, tous ces poissons ont disparu ou presque ! Tout juste quelques hotus se délectent de quelques trop rares larves sur les plaques rocheuses. Je parle ici de ce pont mais mes propos restent valables sur la totalité de la rivière. 

No comment !
Quelles pourraient être les raisons de ces changements ? La pression de pêche ? Certainement pas, les ventes de cartes sont en chute libre depuis plusieurs années, même si parmi les disciples de Saint-Pierre certains sans activités y passent le plus clair de leur temps. Les prélèvements trop nombreux ? Cela peut jouer dans certains cas, mais soyons sérieux, je ne vois pas les pêcheurs responsables de la disparition des poissons blancs vu le peu d’intérêt culinaire de ces derniers. J’entends déjà certains accuser le fameux cormoran, phalacrocorax, et le porter comme unique responsable, il a sûrement une part de responsabilité mais je ne lui ferai pas porter le chapeau. D’ailleurs, il n’y a pas que les poissons qui disparaissent, très honnêtement, vous pensez que le grand cormoran mange des larves d’éphémères pour ne citer qu’elles ? Bien sûr que non !

De la pollution, où ça ? Il n'y a rien là ...
Le mal est ailleurs, plus insidieux, pernicieux, la pollution est là, partout autour de nous et nous fermons les yeux ! Oui, bien sûr les rivières sont polluées depuis la nuit des temps mais seulement les pollutions étaient différentes. Souvenez-vous, à l’époque, les égouts qui se jetaient dans nos rivières, il y avait de la matière organique dans ces rejets là, les poissons arrivaient à vivre et à se reproduire, la rivière pouvait digérer ces matières, à ce jour ce genre de rejets tend à disparaître et c’est une bonne chose même s’il reste encore de gros points noirs. La population s’est densifiée et nos stations d’épuration ne sont pas en mesure de retraiter toutes les matières qui se présentent au dégrilleur. Je doute du bon fonctionnement de ces stations où effectivement on voit parfois sortir de l’eau claire mais au final, que contient t-elle vraiment ? Je n’ose y penser. Chacun d’entre nous utilise des produits de plus en plus puissants pour nettoyer ceci ou cela, souvent à composante chimique, donc plus difficile à retraiter en station d’épuration. Cela doit forcément avoir un impact.

Lessive et compagnie !
Et les entreprises dans tout ça, n’ont-elles pas une part de responsabilité ? Il suffit de faire un rapide tour d’horizon auprès des nombreuses usines qui utilisent l’eau de la rivière et chacun pourra se rendre compte qu’elles contribuent à pourrir la rivière. Sans la moindre analyse, juste en regardant la texture ou la couleur des fonds voir de l’eau, on se rend vite compte de l’étendue des dégâts. Mais à en croire certains, les usines ne polluent pas !

L’agriculture elle aussi joue un rôle, il faut récolter toujours plus avec encore plus de rendement. Cela ne se fait pas sans mal, donc il faut ajouter des produits à la terre qui à un moment ou un autre finissent par se retrouver dans la rivière ! Comment expliquer toutes les algues filandreuses qui colmatent les fonds ? L’explosion de la renoncule aquatique qui devient plus qu’envahissante ? Quand je lis dans la presse que la renoncule est signe de bonne qualité d’eau, cela me laisse perplexe.

Extraordinaire non ? En permanence dans la Moselle ...
Les poissons qui peuplent encore les eaux de la Moselle sont de sacrés guerriers, il leur faut une sacrée dose de courage pour lutter de la sorte contre toutes ces pollutions chroniques et pour certains être encore capables de se reproduire de temps à autres. Je reviens sur la population des ombres commun de la moyenne Moselle, il faut être conscient que sans l’effort consenti par les AAPPMA et la fédération de pêche des Vosges de mettre des juvéniles depuis quelques années et de les protéger par un arrêté de pêche sans tuer, ils auraient disparus de la circulation depuis belle lurette !

Afin de conclure cet article, amis pêcheurs, avez-vous observé des grandes éclosions ces dernières années ? Avez-vous soulevé des cailloux pour voir les larves qui résident sous les pierres ? A part les larves de phrygane qui elles supportent plutôt bien la pollution, la diversité disparaît peu à peu et tout cela dans la plus grande indifférence. J’aimerai bien voir un IBGN réalisé sur la rivière, histoire de voir où nous en sommes. L’IBGN (Indice Biologique Global Normalisé) est une méthode standardisée utilisée en écologie appliquée afin de déterminer la qualité biologique d'un cours d'eau. On y trouvera sans doute, des phryganes ce qui n’est pas gage de bonne qualité, loin s’en faut. Parmi elles des hydropsyches, des larves à fourreau, sûrement un peu de larve de baétis car quelques éclosions se sont déroulées cet automne mais après, que trouvera t-on ?

Sympa la couleur de l'eau non  ? Il faut voir le fond à cet endroit, c'est stupéfiant !
Au moment où j’écris ces lignes, la Moselle comme de nombreuses rivières a vu son niveau augmenter suite aux pluies conséquentes des jours derniers. Les pollutions diverses et variées s’en trouveront diluées. Peut être que cela permettra de limiter la casse sur les rivières franc-comtoises qui sont en pleine souffrance, depuis quelques années. Mais ce qui m’inquiète pour notre avenir tout proche c’est le déroulement du frai des truites de cette fin d’année. Sur la Moselle, les truites n’ont pas réussi à rejoindre les tributaires pour se reproduire, elles ont frayé en pleine rivière, et avec l’augmentation soudaine du débit, il y a fort à parier que tout a été balayé par la force du courant. Il ne reste plus qu’à espérer que quelques truites n’aient pas encore décidé que le moment de la reproduction était venu et cela permettra de soutenir les populations restantes.

Certes sur le département de nombreuses écloseries sont activées et cela permet de colmater les brèches mais je me pose souvent la question suivante. Depuis le temps que l’homme remet du poisson dans la rivière, il ne devrait plus y avoir de place pour y mettre de l’eau et pourtant il n’en est rien. Alors, un jour il va vraiment falloir prendre des décisions et sacrifier l’argent dévolu aux alevinages en tout genre et plutôt consacrer ce même argent pour la vraie réhabilitation du milieu et lutter contre les pollutions. Je reste persuadé que les insectes et les poissons retrouveront leurs places dès lors que le milieu le permettra.

Non, non, ceci n'est pas une frayère !
Nous voilà à la fin de ce billet et j’en reviens à mon titre, après avoir lus ces quelques lignes et vus ces images à vous poser la question suivante, qui osera les manger ? Moi c’est sûr je m’y refuse !