samedi 6 juillet 2013

Séjour de pêche dans l’Ardèche - Seconde partie


Voici la suite, tant attendue, de notre périple sur les terres ardéchoises en compagnie de Michel à l'Auberge de la Grolle. Après m'être changé (souvenez-vous, j'ai pris un bain) et avoir pris le repas du soir, il fallait trouver une nouvelle destination pour le lendemain. Et c'est vers les gorges de la Loire que nous allions jeter notre dévolu. Une fois de plus, Pascal, nous expliqua le chemin d’accès que nous trouvâmes sans aucune difficulté. Ce jeudi matin, la température était toujours aussi basse, environ 7 degrés, mais le ciel semblait vouloir se dégager un peu. Seul bémol, le vent était toujours de la partie. Arrivés dans le secteur défini nous rencontrâmes un ramasseur de champignons. En réalité il cherchait des morilles mais n'en trouvait point. A un moment, l'homme nous dit : je vais aller voir les gorges, c'est très beau mais dangereux ...

Tandis que nous préparions notre équipement, nous vîmes revenir l'homme tout essoufflé. Ce dernier nous tint ces propos: L'eau est haute, c'est très dangereux, il y a des trous avec huit mètres d'eau ! Cela glisse tellement que je ne suis pas descendu jusqu'en bas. A ce moment-là, je me suis demandé si ce brave homme n'avait pas un problème cardiaque car il était vraiment à bout de souffle. Passons ...

Après encore quelques échanges, nous quittâmes ce brave homme afin d'aller à la rencontre des gorges. Nous avions décidé d’aller trainer nos waders  vers le "Gouffre de Glaude". A peine quelques dizaines de mètres après notre point de stationnement, il fallait descendre un véritable mur. Le passage était très étroit, les pierres glissaient tout comme les racines. Il fallait rester très attentif au moindre pas. Quelques minutes plus tard, nous arrivâmes enfin au fond des gorges. Le spectacle était grandiose mais déjà les questions se bousculaient dans ma tête. Comment allions-nous pêcher cet endroit car en effet, il y avait bien trop d'eau. Nous pêchâmes les postes les plus marqués avec des mouches hyper flottantes en poils de chevreuil et polypropylène. Malheureusement aucun poisson n’est venu nous procurer la joie de gober les artificielles.

Le Gouffre de Glaude

 Juste au niveau du "Gouffre de Glaude", la paroi abrupte ne nous permettait pas d’aller au-delà. En levant la tête nous apercevions la roche par endroit friable. Au sol, des roches semblaient s’être détachées récemment. Cela ne nous rassurait guère. Surtout qu’avant de partir, Pascal nous avait raconté qu’il y avait déjà eu des accidents. Du coup nous décidâmes de sortir des gorges. De toutes façons,  il était presque midi. Le chemin du retour fut éprouvant. Il a fallu reprendre notre souffle à plusieurs reprises. Arrivé à la voiture, j’étais trempé de sueur malgré la température de moins de 10 degrés. A ce moment, j’ai compris pourquoi le brave homme croisé en début de matinée était aussi essoufflé !

Après le casse-croûte de midi, nous souhaitions changer de secteur. Le problème, Pascal devait nous rejoindre et il risquait de ne pas nous trouver à l’endroit initialement prévu. Le téléphone ne passait pas là où nous étions. Nous sommes donc repartis vers le lac de "la Palisse". Lorsque nous avons enfin trouvé du réseau nous avons appelé à l’auberge où Jocelyne nous expliqua que Pascal était déjà en route pour nous rejoindre. Quelques secondes plus tard, ce dernier arrivait à notre hauteur. Nous lui avons expliqué le déroulement de la matinée et exprimé le besoin de changer de lieu. 

Le matin nous avions aperçu un joli endroit sur la rivière « le Vernazon » à moins d’un kilomètre de notre point actuel. Pascal, partagea notre sentiment et nous partîmes tous les trois pour cette rivière. Moins de cinq minutes plus tard, nous étions garés et préparions le matériel avant d’entamer une descente bien moins périlleuse que le matin. En effet, même si la côte était pentue, au départ il y avait un chemin presque carrossable et ensuite une prairie. Pendant le court chemin vers la rivière, la température s’était élevée. Le ciel était bien dégagé même si le vent était assez soutenu. Le soleil réchauffait nos carcasses et cela n’était pas sans nous déplaire. Nous n’étions visiblement pas les seuls à attendre car déjà de multiples éclosions se produisaient. C’est assis sur un banc de cailloux et de sable que nous allions observer quelques truites bien à table. Une d’entre elles était particulièrement étrange. Elle laissait de gros "baétis rhodani" passer sous son nez lorsqu’ils dérivaient au grè du courant. En revanche, dès qu’une rafale de vent en faisait dériver vers l’amont, ils étaient gobés de façon systématique ! 


C’est un poisson que nous n’avons pas réussi à prendre vous vous en doutez bien. Cette rivière ressemblait un peu plus à celle à laquelle je m’attendais à trouver et je me sentais bien. Nous avons passé un long moment à observer tout en profitant du soleil avant de se répartir et de pêcher un peu. Rapidement, ce fut la fête. A l'amorce d'une accélération, sous les arbres des poissons s’en donnaient à qui mieux mieux pour intercepter les mouches. Les truites n’étaient pas énormes mais possédaient une bonne puissance eu égard à leur taille. Un peu plus tard sur un courant quelques dizaines de mètres en amont, Michel et moi avons fait craquer quelques truites supplémentaires avant de rejoindre Pascal.


Ce dernier était encore plus haut sur le Vernazon, une petite centaine de mètres. Après un virage, nous retrouvâmes notre homme avec de l'eau presque jusqu'à la "Dynamo" (comprendre l'endroit sensible chez l'homme). Ce qu'il faut savoir, c'est que Pascal ne porte pas de combinaison de pêche ! Il pêche en short et chaussure de wading. Je vous laisse imaginer la température de l'eau compte tenu des conditions climatiques depuis le début de semaine. Moi, qui ne suis pas du genre frileux, j'ai du mal à comprendre comment il peut résister au froid pendant aussi longtemps, en moyenne deux à trois heures pas séance. Brrrrrrrrr !J'en ai encore froid dans le dos !


Devant Pascal, quelques gobages se produisaient qu'il attaqua méthodiquement. Les poissons se succédaient les uns aux autres. Toutefois, il y eut une rebelle. Il lui fallut un long moment pour réussir à la capturer mais ce fut chose faîte. C’était une jolie truite, vraisemblablement la plus belle du séjour. Les éphémères se faisaient de plus en plus rares sur la surface de l'eau. Il était l'heure pour Pascal de rentrer préparer le repas pour ses hôtes du soir. Après son départ, nous ne réalisâmes plus une seule capture ! La rivière était retombée en léthargie. Plus un insecte, plus un gobage, le vide total, le néant. Comme si Pascal avait appuyé sur une télécommande et avait dit stop. Tout en restant sur notre faim, nous nous sommes résignés à rentrer à l'auberge de la grolle pour l'apéro et le repas du soir.

Alors que nous étions à table, en jetant un œil par la fenêtre, dehors c'était le déluge. Le ciel tombait en morceaux : pluie et de la neige mêlées. Incroyable, quand je dis que la poisse me suit ... Nous sommes quand même le 23 mai. Du coup, on se dit que pour demain, dernière matinée de pêche, cela risque d'être encore plus compliqué que tous les jours précédents. Après une bonne nuit et le petit déjeuner nous décidâmes de tenter l'aventure malgré le froid hivernal qui nous saisit à peine le seuil de l'auberge franchi. Les personnes de passage n'en croyaient pas leurs yeux et devaient nous prendre pour des fous. Ce que nous sommes peut-être d'ailleurs ? Pour ces dernières heures nous allions pêcher juste en bas de l'auberge sur le "Rau de Mazzan". L'eau avait bien baissé depuis le début de notre séjour et cela semblait être sympa. Depuis la route, chaque jours, nous apercevions ce "rau" à l'eau cristalline et au fond clair. Nous allions être stupéfaits de la quantité de larve de trichoptères à fourreau. Ce sont des dizaines de milliers qui tapissaient le fond de ce ruisseau. Je ne me rappelle pas en avoir vu autant sur une rivière dans toute ma "carrière" de pêcheur. Il en devenait même difficile de traverser sans en écraser, il fallait bien choisir le passage. Nous allions essuyer quelques grains en cours de matinée et ne vîmes aucune activité. En fin de matinée, nous décidâmes de nous séparer pour finir le secteur tout en nous donnant rendez-vous vers midi au niveau de l'Abbaye.

La qualité d'eau de ce "rau" est exceptionnelle, à tel point que l'on se croirait dans un aquarium. Sur la dernière cuvette, j'avais aperçu de très loin, la silhouette d'un poisson. Là, je me suis dit : Dark, c'est ta dernière chance de capturer un poisson sur ce séjour. Applique toi si tu ne veux pas partir avec des regrets. Il a fallu faire une approche de sioux, à quatre pattes et au ralenti. J'ai observé ce poisson durant toute cette manœuvre. A un moment, je l'ai même vu gober. Une fois à portée de tir, au premier posé, la bête se laissa porter vers la surface afin d'aller inspecter l’intrus. Elle refusa la phrygane si bien présentée. J'ai tenté un nouveau passage : pas de réaction. Troisième passage : rien. Je changeai de mouche à plusieurs reprises, à chaque nouveau modèle, la truite monte inspecter l'artificielle puis replonge. Nouveau changement pour une petite nymphe, je me dis : Là, ça va le faire. Aucune réaction de la part du poisson. Essai d'un autre modèle, rien non plus. Je n'en croyais pas mes yeux. Alors que les cloches de Mazzan l'Abbaye sonnait midi et que l'heure fatidique arrivait, je décidai de remettre une dernière mouche. A nouveau une phrygane, celle que je sors pour les cas extrêmes. La fameuse phrygane en plumes de cul de bécasse dérivé d'un montage issu de blog de Gérard Piquard dit "Pouic". Je l'utilise très peu car je n'en possède qu'une dizaine. En effet, je n'arrive pas à me procurer les fameuses plumes pour monter ce modèle. (Amis lecteurs, si vous avez des connaissances dans ce domaine. J'ai un formulaire de contact sur le coté gauche du blog)

La phrygane nouée à mon bas de ligne, j'effectuai les mêmes gestes que précédemment. La truite est montée à nouveau mais cette fois, après un léger temps d'arrêt, elle a englouti l'artificielle. J'étais aux anges d'avoir leurré cette difficile truite. Ce fut bien le dernier poisson du séjour car juste après la séance photo et la remise à l'eau, Michel arrivait et nous mettions fin à l'activité pêche.


Après un dernier repas pris à l'auberge ce midi là, nous reprîmes la route en direction des Vosges avec un temps mi-figue, mi-raisin. Avant de clôturer cet article, je voudrais sincèrement remercier Pascal et Jocelyne pour leur accueil et leur gentillesse. Nous avons passé un agréable séjour à l'Auberge de la grolle. Je pense qu'il va falloir que l'on y revienne car nous n'avons pas pris le temps de s'en faire une, de grolle ! Amis lecteurs, pêcheurs, voyageurs, si un jour vous passez vers Mazzan l'Abbaye, n'hésitez pas à passer une soirée à l'auberge de la grolle, vous ne le regretterez pas !

A suivre prochainement, un petit résumé en vidéo ... A la revoyotte !

3 commentaires:

JM51 a dit…

Impressionnante cette photo des trichos.

Darkvaders a dit…

En effet, Jean-marc, ils filtraient à mort ! Quand tu verras la vidéo ça va être pareil, tu va tomber à la renverse ...

tenkara normandie a dit…

Très belles photos Manu...comme d'habitude pourrait on dire! Je ne m'en lasse pas!