Encore une nouvelle sortie avec mon club, la Phrygane Spinalienne en cette fin de mois de Juin, le temps n'était pas très engageant et c'est uniquement à quatre que nous sommes partis en direction de Goumois afin d'y retrouver un de nos comparses qui était déjà sur place depuis la veille. Vers neuf heures trente nous allons chercher les permis journaliers à "la chipote", petit commerce local très sympa et atypique, où la patronne, Agnès, nous explique qu'il est possible que la route de la goule soit coupée pour cause de bûcheronnage. Ensuite nous allons boire un café sur les conseils d’Agnès pour laquelle nous ferons mettre le pain de coté au commerce "le montagnon", ce commerce est très original et l'on y trouve de tout. Vin et spiritueux en tout genre, de nombreux produits locaux, miel, saucissons, fromages et encore beaucoup d'autres choses dont la liste serait bien trop longue à écrire ici. J'en ai profité pour acheter un saucisson de montagne et un comté avec dix huit mois d'affinage.
Après ces quelques emplettes, il est temps d'aller retrouver notre ami, Dominique, qui doit trouver le temps long. Nous remontons par la corniche de Goumois, Charmauvillers, au cœur du village à gauche toute pour prendre le chemin de la goule mais à peine la descente entamée qu'un panneau et des barrières nous empêchent d'aller plus loin. Il faut rebrousser chemin et passer par le coté suisse, personne de nous ne connais le chemin, et nous n'avons pas pensé à demander à Agnès comment faire si le chemin venait à être coupé, malgré cela nous arrivons à joindre notre compère déjà sur place qui nous explique le chemin à emprunter. Il faut traverser le Doubs à Goumois, remonter sur Saignelegier, prendre la direction de la chaux de fond, arrivé à Le Noirmont, une petite pancarte sur la droite indique la goule. La descente est moins escarpée que par le coté français mais c'est bien plus long, par endroit il faut malgré tout faire attention car le ravin est assez impressionnant et il n'y a pas forcément de bonne barrière de sécurité.
Nous allons nous garer du coté Suisse après le barrage, nous continuons vers la centrale et même encore un peu plus loin jusqu'au parking à coté des deux chalets. L'heure est déjà bien avancée, chacun monte sa canne et décide de la technique qu'il va employer, Jean pratiquera en noyée, Michel et Dominique la sèche. Mon padawan et moi même décidons de descendre bien aval sur un secteur moins mouvementé afin de pratiquer en nymphe à vue. Après un gros quart d'heure de marche nous arrivons sur le secteur et à peine arrivé sur place nous allons nous rendre compte que la pratique de la N.A.V sera totalement impossible ce jour. L'eau est un peu piquée, ceci s'explique vu les conditions météo depuis deux jours, la pluie n'a de cesse de tomber. Après un léger temps d'observation de la zone, nous décidons de pêcher en sèche sur ce secteur, quelques poissons gobent avec parcimonie, mais au fur et à mesure de l'avancement de la matinée les gobages s'intensifient et une véritable éclosion a lieu. Des grands éphémères dérivent au gré du léger courant et se font happer par tantôt une truite, tantôt un ombre commun voir même des poissons blancs ...
Le secteur étant calme, une fois rentré dans l'eau il faut se déplacer en douceur sans quoi les poissons désertent. Heureusement j'ai fais une petite reconnaissance de la zone pendant la semaine et je sais où il faut passer pour rentrer dans l'eau afin d'aborder les poissons dans les meilleurs conditions. Au bout de quelques minutes, les poissons reprennent leur activité, à peine le temps de trouver la bonne dérive qu'une averse de pluie avec des rafales de vent survient. La pêche n'est pas possible dans ces conditions, alors nous prenons notre mal en patience en restant figés au beau milieu du Doubs. Plus en aval, un groupe de pêcheurs est abrité de la pluie sous les arbres, ils doivent nous prendre pour des fous, ce que nous sommes peut-être.
Le temps s'améliore un peu, sur mon secteur c'est le calme plat par rapport à précédemment, seul un poisson se manifeste, je lance mon émergente mise au point suite à mon précédent séjour, la dérive ne me semble pas bonne, le fil est passé devant la mouche, je relève la canne avant l'arraché et c'est à ce moment précis qu'une superbe truite zébrée décide de monter sur la mouche, c'est trop tard, la mouche drague et la truite flaire le piège, elle ne remontera plus ! Après cet épisode, j'entends dans mon dos ce qui ressemble à des gobages, je me retourne et aperçois sur la berge opposée quelques poissons actifs. Sur ce secteur, il y a deux veines d'eau en bordure et moins d'eau au milieu de la rivière. J'attaque les poissons bien décidés à ne pas finir capot le matin, je prendrai deux ombres et une petite truite méditerranéenne. Pendant ce temps là, mon padawan convoitait une truite récalcitrante qui est montée plusieurs fois sur son artificielle mais sans jamais pouvoir la prendre.
Nous avions fixé rendez-vous au reste de l'équipe pour treize heures aux voitures pour prendre le repas de midi en commun. Captivés par les poissons nous sommes en retard de presque un quart d'heure. Durant le chemin du retour, mon padawan effectuera une figure de style en glissant sur les feuilles et le chemin en devers, heureusement ni le matériel ni l'homme n'en souffriront. Une deuxième cascade, encore plus violente, sera à mettre à son actif juste après le repas du soir. Pourtant il n'a pas touché au minervois 2002 que Michel nous avait fait déguster ...
Revenons à nos moutons, nos poissons plutôt, le repas du midi sera pris à l'abri du chalet en contrebas du chemin. Chacun y va de sa petite préparation, goutte moi ceci, goutte moi cela, avec pour finir le fameux fromage acheté le matin même. La pêche du matin est décortiquée, apparemment les poissons étaient vraiment à table sur les sèches et Michel à réussi cinq captures, je ne communiquerai pas le nombre de ratés car c'est impressionnant et l'on ne me croirait pas, je pense néanmoins que dans le tas il devait y avoir des fausses montées d'ombre commun qui au moment de redescendre après avoir flairé le piège font un remous avec la queue ou leur dos. (J'ai vu ceci durant l'après midi) Jean et Dominique me pardonneront car je ne me rappelle pas du nombre de captures qu'ils ont effectué durant la matinée. A signaler, Michel a pris un mini bain, heureusement il portait une ceinture de wading et l'eau n'est que très peu rentrée, mais suffisamment pour être plus qu'humide...
L'après midi, Jean et Michel pêcheront plus amont, en dessous de la réserve après la centrale électrique, aucune prises enregistrées ! Dominique attaque juste en amont du chalet au niveau des roches, le niveau commence à monter, visiblement il avait repéré quelques poissons en fin de matinée et il était bien décidé à en découdre avec ces derniers. Cela se passera plutôt bien, de là où nous sommes avec mon padawan nous le verrons combattre avec quelques poissons. Cependant, il poussera un cri de rage au moment où il dépiquera une jolie truite qui lui avait donné du fil à retordre, Arghhhhh ! De notre coté, le résultat est mitigé, en fait je me suis positionné à l'endroit où Michel pêchait le matin sans le savoir, de nombreux poissons montent mais il est difficile de les prendre. Domi, mon padawan aura bien du mal lui aussi, la présentation est très importante et il faut des dérives parfaites avec la mouche se présentant en premier sans quoi aucune capture n'est possible car il s'agit d'un banc d'ombre. Il va falloir batailler également pour trouver le bon modèle de mouche, à un moment je vais finir par trouver le truc et enchaîner les prises. A ce moment là, j'invite mon padawan à venir sur ce secteur afin qu'il puisse en profiter à son tour. Depuis un bon moment, j'ai repéré un beau gobage devant une roche avec une accélération de courant, l'endroit idéal pour une belle truite, je tente de l'approcher en traversant la rivière. Le poisson est maintenant à portée de canne, je jauge l'endroit, je vois une grande éphémère se faire engloutir dans un minuscule gobage, je sais précisément où poser mon émergente, pour bien faire il me faut effectuer un lancer en revers, tout se passe bien, le bas de ligne est correctement posé, la mouche dérive et se présente bien face au poisson. C'est le moment, l'artificielle disparaît de la surface saisie par la gloutonne truite, ferrage, le poisson est au bout, il remonte la veine d'eau puissante, le combat est engagé, le moulinet dévide quand tout à coup je me rends compte de mon erreur, mon bas de ligne est bien trop fin, je suis en dix centième et cela me parait bien juste. A peine le temps de m'en rendre compte que je sens le poisson qui donne de furieux coups de tête, c'est trop tard, le fil cède et je suis dépité. Comment ai-je pu ne pas changer la pointe de mon bas de ligne ? C'est bien fait pour moi, je le savais que ce poisson était de belle taille, j'aurais du y penser. Ainsi s'achèvera la fin d'après midi, Jean et Michel nous rejoindront au moment où la pluie refait son apparition, Dominique est reparti en direction des Vosges car il a des obligations pour le lendemain.
Cette fois c'est Jean qui a pris un bain, il ne pêchera plus pour cette journée, mais il a visiblement pris du plaisir et quelques poissons. Il est dix huit heures et nous allons prendre une sage décision à savoir, prendre le repas du soir maintenant en espérant que la pluie cesse, ensuite nous essaierons de faire un petit coup du soir histoire de finir cette journée en beauté. C'est pendant ce repas que nous aurons la joie de faire la fête à une bouteille de minervois qui laissera à jamais une trace au fond de mon être. Pouah ! Je fais la fine gueule maintenant mais bon, il n'a pas fini pour autant sur le talus mais bel et bien dans nos gosiers !
Tandis que Jean se change et range ses affaires, nous repartons pour une dernière partie puisque la pluie ne tombe plus. Nous changeons encore de secteur, cette fois en aval, l'eau a encore monté, J'avais pêché le secteur au coup du soir la dernière fois et j'en avais gardé de bons souvenirs avec des truites devant chaque roche. Mais cette fois, une bonne partie des roches est submergée, pour autant de jolis courants se forment et la pêche reste praticable, des gobages ont lieu donc cela devrait bien se passer. Nous sommes tous les trois concentrés sur le même secteur et il y a du poisson à faire, je ne m'en prive pas. A un moment, j'arrive à faire une truite de taille modeste et au moment où Domi s'approche pour faire la photo, Michel est à son tour en train de lutter avec un poisson. Comme il est relativement proche de nous, aussitôt après le combat il vient nous retrouver pour faire la photo. C'est bien la première fois que nous arrivons à faire ce genre de photo, c'est vraiment sympa, merci Domi !
Les deux truites sont prises à moins de dix mètres l'une de l'autre et pourtant les robes sont différentes, une est plus claire que l'autre. Ceci s'explique car, celle de Michel était postée sur une gravière en pleine lumière tandis que la mienne était cachée une fois de plus devant une roche très sombre. Quelques minutes plus tard, je suis à nouveau à la lutte avec une truite et devinez quoi ? Michel aussi, seulement ni lui ni moi ne mènerons le combat à son terme, les poissons se dépiquent juste avant l'épuisette ! Une fois de plus, je décide de bouger un peu en allant vers la bordure, j'ai à nouveau repéré des gobages, je vais reprendre trois truites et en rater autant ! Il faut dire que l'eau commence sérieusement à devenir trouble et je me demande si les poissons ne loupent pas la mouche sèche ? Ou tout simplement c'est moi qui ne suis pas bon ... (c'est plus sûrement ça !)
Une histoire incroyable s'est produite en ce début de soirée, mon padawan a réussi à attraper une hirondelle ! Le fil s'est enroulé autour de l'aile, la mouche a croisé le fil et hop, l'hirondelle a fini dans l'eau, elle s'est bien demandé ce qu'il lui arrivait. Elle a bien sûr été libérée dans l'instant mais ensuite elle est montée sur la manche de mon padawan pour finir sur sa casquette. Elle n'a pas quitté son "perchoir" et finalement au bout d'une demi-heure il a fallu l'aider à s'envoler et elle s'en est allée rejoindre sa colonie.
La pluie fait son retour, le niveau d'eau monte toujours et l'eau se trouve de plus en plus, les gobages s'estompent, je descends retrouver mes deux compères et d'un commun accord nous décidons de mettre fin à cette séance et d'aller retrouver Jean à la voiture, il est vingt heures trente. Désormais, rangement rapide du matériel et nous sommes en route pour un long retour vers les Vosges, presque trois heures de route. Durant le trajet nous aurons tout le loisir de ressasser nos souvenirs de la journée qui fut d'un bon tonneau. (Elle est bonne hein ?)
Pour conclure, je dirais que je suis un peu réconcilié avec cette rivière car en deux séances j'ai pris énormément de plaisir et de poissons même si les conditions climatiques ne plaidaient pour nous pauvres pêcheurs. Si je me remémore l'année deux mille cinq, cela n'a rien à voir mais j'en ai déjà parlé dans un post précédent. Ce samedi aucun lâché d'eau n'est venu nous perturber et c'est une bonne chose. Maintenant, il faut faire attention car cette rivière a beaucoup changé, certes il reste des poissons mais attention à ce qu'elle ne subisse pas le même sort que la pauvre Loue qui souffre actuellement. J'espère que les causes seront rapidement connues et que les bonnes mesures seront employées afin que la rivière puisse se reconstruire dans les meilleurs délais.
5 commentaires:
bravo à tous, pour ces beaux poissons,@ bientôt
Bonjour,
Récit trés sympa, juste une remarque il me semble qu'à la Goule les waders sont interdit.
Cordialement
Merci à toi Cher Anonyme pour ton commentaire.
Pour répondre à ton interrogation sur le port du Waders, voici un extrait du règlement 2010 que j'ai conservé :
"Cet accessoire de pêche a déjà provoqué de nombreux débats et reste très polémique. Nous vous conseillons de l'utiliser avec parcimonie en respectant les règles de société (hauteur de pénétration dans l'eau conseillé au niveau de l'entrejambe) et la préservation du milieu (éviter de piétiner les tufs)."
Bonjour,
D'accord le réglement a changé depuis cette année, je ne sais pas si c'est une bonne chose vue la fragilité des fonds et du tuff qu'en penses tu ?
Bonne journée
@ Anonyme:
Ce que j'en pense, c'est qu'il faudrait surtout arrêter de mettre des interdictions aux pêcheurs qui eux payent une taxe et essaye de respecter un peu l'environnement par rapport à certains autres utilisateurs de la rivière.
La faute à qui la fragilité des fonds ? Aux pêcheurs je ne le pense pas une seule seconde, en revanche, les barrages et leurs lâcher d'eau qui ne servent qu'à enrichir quelques actionnaires depuis la dernière lois sur l'eau, ça j'en suis convaincu. OUI aux énergies renouvelables mais NON à la destruction de notre environnement.
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